Extrait d'un discours de Paul : « En le condamnant, ils ont accompli les paroles des prophètes qu'on relit chaque sabbat » (Actes 13,27). Ils condamnèrent donc Jésus et obtinrent de l'autorité romaine qu'il fût crucifié. Ce fut un terrible accomplissement et nous ne pouvons pas prendre à la légère l'horreur d'une crucifixion, même celle du Fils de Dieu au motif qu'elle accomplirait les paroles des prophètes. Affirmer que les juges et les bourreaux de Jésus accomplissent les paroles des prophètes est un avis qui est donné, longtemps après les faits, par Paul. Cet avis autorisé ne doit pas nous laisser oublier que, sur le moment, l'horreur l'emporte sur toute consolation possible, tout comme la nuit l'emporte sur le jour. Si donc accomplissement il y a, ça ne peut être qu'un accomplissement tragique, un abîme qui s'ouvre, que rien, qu'aucune bonne parole, qu'aucun geste fraternel ne peut combler. Bien audacieux celui qui prétendrait y parvenir.

Quelles sont ces paroles lues chaque sabbat ? Quel est le message des prophètes ? Tantôt c'est la malédiction, et tantôt c'est la bénédiction. C'est ainsi possiblement une véritable promesse, promesse d'un futur, d'un avenir. Quoi ? Quand ? L'espérance prophétique se moque du quoi et du quand. En ce sens, elle s'accomplit tout comme elle s'énonce et au moment où elle s'énonce. Elle s'énonce à chaque culte. Et s'énoncera jusqu'à la fin des temps.

Reste que le sauveur est mort... Que savons-nous après tout de la fin, et que savons-nous de la forme que revêtira la résurrection ? Que savons-nous finalement de la divine miséricorde, si ce n'est qu'elle nous a déjà fait grâce en Jésus Christ ? Nous ne savons pas comment Dieu, recueillant l'âme de son Fils supplicié, l'impute à tout homme en rémission de ses péchés. Mais nous avons foi qu'il le fait. Et cela peut suffire à notre joie.

Pasteur Jean Dietz