Sans être iconoclastes, les protestants sont réticents devant les images dans les temples.
En visitant une église, il arrive qu’on entende dire que des statues ou décors ont été autrefois détruits par les protestants. Et il est vrai que certains d'entre eux étaient iconoclastes, parce qu'ils estimaient que ces statues ainsi que certaines images étaient abusivement adorées. Théoriquement, il s'agissait plutôt de vénération que d'adoration, mais ces destructeurs d'œuvres d'art, sur la base du texte du décalogue (Exode 20.4), se méfiaient de toutes les représentations risquant d'être idolâtrées.
Aujourd'hui on peut dire que les protestants, réformés français en particulier, sans être iconoclastes, sont réticents devant les images dans les temples. Jamais de statues, pas de tableaux, pas ou très rarement des vitraux figuratifs, pas ou peu de décor et peu de couleur. Seule la Parole de Dieu doit attirer l'attention. On peut parler de sobriété maximale ou même, selon l'impression de certains, de froideur.
Mise en garde de Jacques Ellul.
Cela veut-il dire que le protestantisme rejette toute œuvre d'art ? Certainement pas. Il suffit de citer Lukas Cranach, proche de Luther, Dürer, Rembrandt, Van Gogh et tant de célèbres artistes hollandais et allemands. Les sujets bibliques sont loin d'être exclus, comme le montre tout particulièrement l'œuvre de Rembrandt. Des artistes protestants ont exercé leur art dans toutes sortes de sujets et thèmes.
De façon plus générale, il faut prendre en compte la mise en garde de Jacques Ellul vis-à-vis de notre civilisation de l'image. Dans son livre La Parole humiliée, il critique l'idolâtrie religieuse des images, tout en acceptant les icônes comme moyen d'entrapercevoir le Royaume de Dieu. Mais il élargit ses critiques à l'usage moderne abusif de l'image et des images, alors que la parole, vrai moyen de dialogue, est dévalorisée. Il met en avant la Parole de Dieu, qui seule nous permet de le connaître et de recevoir ses messages. La mise en valeur ellulienne de la parole et de la Parole est bien protestante.
Par Olivier PIGEAUD, pasteur à la rédaction de Réforme.
